Flexibilité, résilience, cybersécurité : les nouveaux enjeux des réseaux en transition

On connait évidemment celui de l’accueil de plus en plus massif de production renouvelable décentralisée et le changement de paradigme majeur que cela induit par rapport à un fonctionnement jusqu’à présent très vertical. On parle pour l’instant encore peu d’adaptation des réseaux électriques même si les intempéries catastrophiques vécues dans les Alpes maritimes furent l’occasion pour le grand public de découvrir la criticité de ce sujet. Quant à la cybersécurité des réseaux, le sujet ne fait tout juste qu’émerger.

Flexibiliser les réseaux, une priorité pour accompagner la montée en puissance des renouvelables

Alors que la part de production mondiale d’électricité issue de sources renouvelables variables pourrait atteindre 45%, l’AIE considère que les outils existants de flexibilité et les cadres régulatoires « traditionnels » ne suffiront plus pour assurer la sécurité d’approvisionnement.

L’agence mondiale appelle donc à maximiser l’usage des actifs de flexibilité existants et d’adapter les « market designs » pour en déployer massivement de nouveaux. Un appel qui s’inscrit dans une baisse généralisée des investissements des réseaux au niveau mondial (-16.3% depuis 2015) et en pleine discussion sur la nouvelle période de financement des opérateurs de réseaux en France (le fameux TURPE 6).

Les réseaux doivent eux aussi s’adapter au changement climatique

Parmi les 38 pays membres de l’AIE (représentant plus de 70% de la consommation d’énergie dans le monde), seuls 17 d’entre eux ont inclus dans leurs politiques énergétiques des actions pour améliorer la résilience de leur système électrique. Parmi eux, 6 seulement couvrent l’ensemble de la chaine de valeur.

En pleine reprise épidémique, l’enjeu n’est pas négligeable : parmi les 50 pays les plus touchés par la Covid19, 20 d’entre eux font aussi partie des 50 pays qui ont connu entre 1998 et 2018 le plus d’événements climatiques extrêmes. Les infrastructures de soin peuvent être soumises à la contrainte d’un afflux aigu de patients et par conséquent sujettes à des besoins énergétiques accrus (+600% aux Etats-Unis en ce moment) à un moment où la contrainte climatique peut elle aussi être aigue (pointe hivernale ou estivale). On comprend bien ici tout l’enjeu : un réseau résilient est le garant du bon fonctionnement des activités vitales d’un pays.

La cybersécurité : un nouveau prérequis pour les réseaux

La digitalisation apporte de nombreux bénéfices aux infrastructures électriques et facilite leur transition énergétique. Mais elle augmente en parallèle la surface potentiellement sujette à des cyberattaques.

Si le risque zéro n’existe pas, il existe de nombreuses solutions pour rendre les réseaux plus « cyber-résilients », leur permettre d’encaisser, de s’adapter et de récupérer d’une attaque. Les approches adoptées de par le monde en la matière sont plus ou moins prescriptives avec des avantages et inconvénients divers : un cadre très rigide permettra d’imposer un minimum de sécurité mais aura du mal à suivre l’évolution technologique de la menace, particulièrement mouvante en matière de cybersécurité. A l’inverse, un cadre plus « lâche » permettra une évolutivité forte mais pourrait mener à l’apparition de maillons faibles. Pour l’AIE, la vérité se situe dans un entre-deux, en ne perdant pas de vue le caractère global de la cybermenace. Elle rappelle à ce propos le rôle clé du dialogue entre opérateurs, régulateur et l’industrie dans la mise en œuvre d’une politique adaptée en matière de cybersécurité.

Pour en savoir plus :

Rapport « Power systems in transition » de l’Agence Internationale de l’Energie

Smart Up ENERGIES

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