Système électrique et nouveaux usages : l’avenir s’anticipe !

L’épisode caniculaire que la France a vécu met en exergue l’essor d’un nouvel usage de l’électricité : la climatisation et son impact potentiel sur le système électrique. Parce que ces interrogations sont amenées à se répéter, le GIMELEC considère comme indispensable de préparer l’avenir et de penser système. Il en va de l’acceptabilité économique et sociale de l’électrification des usages. 

 Une approche « produit » qui montre ses limites 

 On connaissait déjà l’enjeu de la pointe électrique en période hivernale engendrée par l’utilisation du chauffage électrique, avec une pointe autour des 100 GW: celle induite par l’utilisation de la climatisation en période estivale apparait désormais en pleine lumière avec un record à 58GW, en constante augmentation. Un enjeu qui ne risque pas de disparaitre avec la multiplication à termes des épisodes caniculaires qui interviennent pendant les phases de moindre disponibilité du parc de centrales nucléaires 

 Pour réduire les effets délétères sur les réseaux, les pouvoirs publics français et européen ont jusqu’à présent beaucoup focalisé leur attention sur l’efficacité énergétique des équipements et fait appel aux comportements citoyens lors des épisodes de pointe. Si ces approches sont indispensables, elles doivent désormais être accompagnées d’une logique système et des technologies de l’intelligence énergétique. 

 Les solutions sont disponibles et ne demandent qu’à être déployées 

L’adéquation entre production et demande d’une part et d’autre part la capacité des réseaux à faire transiter l’énergie des uns vers les autres sont deux enjeux majeurs qui sont soumis à des tensions fortes en raison des importantes évolutions du secteur.  

Depuis de nombreuses années, les industriels de la filière électronumérique élaborent et proposent des solutions pour permettre au système électrique de faire face à ces défis.  

Des logiciels croisent par exemple les données météorologiques à l’échelle fine du territoire avec l’historique des consommations et productions afin d’anticiper au plus près la survenue d’incidents ou de situations à risques. Le déploiement de capteurs sur les réseaux et au niveau des postes de transformation permet également aux opérateurs de réseaux de piloter très précisément la charge des infrastructures. L’utilisation de l’intelligence artificielle, capable de simuler l’état de santé des équipements névralgiques des réseaux, vient compléter un large panel de solutions de prévention d’incidents. 

Si une difficulté sur le réseau est prévue suffisamment à l’avance et que sa probabilité d’occurrence augmente à l’approche de sa survenue, il devient possible d’engager des mesures correctives. Soit en modifiant la façon dont les réseaux sont connectés entre eux, soit en sollicitant les clients raccordés, producteurs ou consommateurs, pour qu’ils adaptent collectivement leurs comportements afin de contourner la difficulté. C’est le principe de flexibilité, qui peut fonctionner à différentes mailles territoriales, aux différents usages de l’électricité et à ses différentes sources.  

Les nouvelles technologies permettent enfin de réduire très sensiblement l’impact d’une coupure électrique suite à une défaillance. Les logiciels permettent ainsi de détecter immédiatement les zones concernées par l’incident et de proposer des stratégies de réalimentation du réseau séquence par séquence, voire totalement automatisée. Ces stratégies permettent de réalimenter un maximum de clients dans les minutes qui suivent l’incident, et de dépêcher une équipe technique pour remettre en état les ouvrages endommagés au plus vite.  

Préparer l’avenir dès aujourd’hui 

Mobilité, numérique, climatisation : l’électrification des usages est désormais en marche. Cette multiplicité grandissante des besoins en électricité impose d’accélérer en matière d’intelligence système. La logique actuelle, où les sujets sont abordés de manière segmentée fait peser un risque majeur : celui d’une désoptimisation du système et donc des surcoûts évitables qui pèseront au final sur les consommateurs. Un sujet dont on connait la sensibilité. 

 Les aspects techniques de l’électrification des usages et leur accueil par les réseaux confinent jusqu’à présent le débat à un cercle d’experts. Pour le GIMELEC, il est indispensable d’élargir le débat et d’en faire un élément de politique industrielle aussi bien que de politique énergétique. 

C’est l’une des conditions de l’adoption d’une vision transversale seule à même de nous assurer l’acceptabilité sociale et économique de la transition écologique. C’est également la condition pour positionner la France en leader de la transition énergétique mondiale.