Plan de relance : le bâtiment va-t-il enfin monter dans le train du numérique ?

Alors que de nombreux acteurs appellent le gouvernement à s’appuyer sur un grand plan de rénovation des bâtiments pour relancer l’économie, le GIMELEC constate à nouveau qu’un élément essentiel est jusqu’à présent aux abonnés absents des discours et des stratégies : le numérique.

Energie & numérique : deux sujets intimement liés

Pourtant, difficile de nier la « digitalisation » avancée de la société, accélérée d’ailleurs par la crise que nous traversons actuellement. Le numérique est désormais présent sur l’ensemble de la chaine énergétique : de la production d’énergie à sa consommation en passant par son transport et sa distribution.

Parce qu’il peut être consommateur et producteur d’énergie et porteur de solutions de flexibilité pour les réseaux, le bâtiment fait désormais partie intégrante de l’infrastructure énergétique. De même, parce qu’il peut être producteur, stockeur ou consommateur de données, il est aussi l’une des briques de l’infrastructure numérique.

Et bien sûr, le numérique est à la fois un consommateur d’énergie et de ressources tout en étant une partie de la solution à la transition écologique.

Un silotage de plus en plus décorrélé de la réalité

Ces changements profonds de la manière dont on doit aborder le sujet du bâtiment collent de plus en plus mal aux politiques publiques qui ont du mal à sortir du silotage : si l’on constate un timide début de décloisonnement, on commence désormais un peu à parler du pilotage énergétique du bâtiment au sein de son infrastructure énergétique locale, beaucoup de chemin reste à parcourir.

En effet, la crise que nous traversons va probablement accélérer des tendances de fond comme celui de la généralisation du télétravail et en corollaire une question de fond sur le besoin en surface de bureau et leur gestion dynamique. En clair, alors que nous considérons le m2 comme variable d’entrée dans nos discussions sur la réduction des consommations d’énergie du secteur, le numérique peut la transformer en variable de sortie : un véritable changement de paradigme !

Plus généralement, la crise du Covid19 fait émerger de nouveaux besoins auquel le numérique peut répondre dans un bâtiment tertiaire : gestion des flux de personne, de conditions d’exploitation compatibles avec des exigences sanitaires strictes, de sécurité, e-learning dans les établissements d’enseignement, etc.

Rénover des bâtiments certes énergétiquement performants mais ne répondant pas aux besoins de leurs occupants ou de leur environnement local risquent de générer quelques déceptions…

L’Europe montre l’exemple

Dans ses différentes communications, qu’elles soient officielles ou « fuitées », la Commission européenne associe systématiquement les transitions écologiques et numériques : la transition écologique et la transformation numérique devraient sans surprise être deux des piliers du plan de relance européenne. Après tout, c’est grâce à des outils numériques que des niveaux minimaux en matière d’activité économique ou de services publics ont pu être maintenus pendant la crise !

Ne pas parler de l’usage du numérique dans le cadre d’une stratégie massive de rénovation des bâtiments, c’est se priver de ses avantages en matière de transition écologique tout en ne se laissant pas la possibilité de corriger ses défauts. Mais il est permis d’espérer un changement rapide : dans leur annonce commune relative au plan de relance commun, la France et l’Allemagne associent transitions écologique et…numérique !

Le GIMELEC porte depuis longtemps ce constat d’une nécessaire « transversalisation » de l’enjeu de la rénovation des bâtiments, notre manifeste « Intelligence artificielle : ensemble, agissons pour des bâtiments performants » constituant un appel à une large coopération entre acteurs. Il est plus que jamais d’actualité.