Impacts écologiques du numérique : les data centers bons élèves

L’âge de l’innocence semble prendre fin pour le numérique : dans une société à la digitalisation de plus en plus rapide, l’aspect écologique était jusqu’à présent peu considérée par parties prenantes. C’est aujourd’hui de moins en moins le cas avec la publication de multiples études et de discours politiques sur le sujet.

Derrière la volonté de s’attaquer aux impacts écologiques du numérique se cache la réalité d’un secteur aux aspects extrêmement divers. Alors qu’il peut parfois souffrir d’une image dégradée auprès du grand public, force est de constater que le data center figure parmi les bons élèves en matière de maitrise de ses impacts écologiques.

La course de fond de la maitrise de l’énergie

Le groupe d’experts nationaux « Energy efficiency End-Use Equipment Technology Collaboration Programme» de l’Agence Internationale de l’Energie a publié en mai 2019 un rapport en grande partie consacré aux data centers. Il relève à de nombreuses reprises les efforts au long cours de la filière.

En effet, alors que la consommation mondiale des data centers s’établissait à 250 TWh en 2010, elle se stabilise désormais aux alentours de 200 TWh et l’étude prévoit une stagnation dans sa projection pour 2030.

Source : Intelligent Efficiency for Data Centres and Wide Area Networks (4E – AIE)

Cette baisse suivie de cette stagnation est à mettre en perspective avec l’explosion de la quantité de données ces dernières années : le ratio consommation d’énergie par exabyte (10^18 bytes) transitant par un data center en 2030 serait 10 à 20 inférieur à celui constaté en 2010. Impressionnant !

Source : Intelligent Efficiency for Data Centres and Wide Area Networks (4E – AIE)

Une efficacité énergétique qui ne vient pas de nulle part

Les raisons de ces résultats très positifs sont multiples. La plus importante est celle du coût de l’énergie : en effet, les factures d’électricité peuvent représenter jusqu’à 50% des coûts d’exploitation d’un data center. Le secteur est donc très attentif aux rendements des équipements, qu’ils relèvent de l’alimentation sécurisée en énergie, le conditionnement d’air ou de l’IT. Cette tendance économique est renforcée par des règlements européens écoconception qui viennent interdire l’accès du marché européen au produits les plus énergivores.

Un gisement exploitable d’économies d’énergie significatif

L’AIE insiste sur le fait qu’il subsiste encore un potentiel d’économies d’énergie aujourd’hui mal exploité : celui des data centers existants. En effet, ils traitent 8% du total des données tout en consommant plus de 30% de l’énergie du secteur. Les barrières sont bien connues : potentiel d’économies d’énergie disséminé parmi des structures de petite taille, manque de connaissance, de budget ou d’incitations.

Parmi les pistes de politique publique évoquées par le rapport de l’AIE, plusieurs retiennent l’attention :

  • mettre en œuvre des « Power Usage effectiveness » minimaux (ou PUE) aux data centers en fonction de leur âge et leur taille. De nombreux pays (Etats-Unis, Chine, Australie) ont déjà mis en œuvre cette politique qui s’appuie sur un indicateur mondialement reconnu ;

 

  • Mieux valoriser les meilleures pratiques en matière de gestion des data centers. Le GIMELEC y contribue depuis maintenant plus de 10 ans à l’élaboration et à la mise à jour du code de conduite européen en la matière, cité d’ailleurs par le rapport ;

 

  • Instaurer un dialogue entre l’industrie, les décideurs et la société civile. Alors que l’impact écologique du numérique fait l’objet d’une attention de plus en plus accrue, il est essentiel que l’ensemble des acteurs partagent et échangent sur un sujet aussi complexe.

Les logiciels, une piste à investiguer d’urgence pour l’AIE

L’agence internationale précise dans son rapport (p38) : « les logiciels et applications ont en effet une forte influence sur l’efficacité puisqu’ils décident de la quantité de données créées, transportées, traitées. Les discussions avec l’industrie suggèrent que beaucoup n’ont pas d’intérêt ou d’incitation pour améliorer l’efficacité. De plus, l’efficacité des logiciels n’est pas un sujet mature et plus de travaux doivent être fournis avant de mettre en œuvre des indicateurs, des normes ou des politiques réglementaires. »

Intelligent efficiency for data centers & wide area networks – 4E&AIE